Autant qu'il m'en souvienne, monte parfois en moi une irrésistible envie d'évasion, tel un bouillonnement intérieur. Pour assouvir ce besoin vital, je ressens une étrange addiction, celle de sortir, marcher pour ne pas étouffer. Au fil des pas, mon imagination me transporte dans des contrées lointaines. Au gré de l'humeur, je rentre dans la peau de personnages des plus adulés, des plus célèbres ou encore des plus détestables. Étonnamment, des histoires, des scénarii s'échafaudent. Quand je reviens de cette promenade rêveuse, une envie irrépressible d'écrire m'étreint. Elle s'est muée en une histoire romanesque.
Sans plonger dans le mysticisme de "Paolo Coehlo", ma "Légende Personnelle" s'impose à moi, s'extraire de cet égo, écrire et partager ces histoires. Ainsi du plus profond de mon être, résonne en mon for intérieur, le style limpide de Henri Troyat, l'art du suspens des romans de Ken Follet. Je jalouse le génie de Lafontaine qui d'un seul alexandrin dépeint un personnage, une situation.
Je rêve d'être semblable à "Quasimodo" qui danse, fou, avec "Esmeralda", être Gilliatt se noyant de chagrin ou encore Déa qui se meurt dans les bras de Gwynplaine. Zola m'émeut avec sa graine d'espoir "germinal". Ces grands et tant d'autres encore m'ont offert un nouvel espace de liberté, l'Ecriture.
Maladroitement, tel un artisan débutant, je noircis l'écran de mots, de phrases. Les chapitres s'enchaînent et la magie opère. Mon imagination anime mes doigts qui volent au dessus du clavier en laissant quelques coquilles à travers mes écrits. Parfois un miracle survient, mystère de l'écriture, illusionnisme de l'inspiration. Bizarrement, mes personnages dirigent ma plume et rédigent leurs propres histoires L'emballement achevé, méthodiquement, je relis ma prose. Lentement je referme le roman.
Je rejoins la longue cohorte des écrivaillons, fameux inconnus qui dans leur regard de chien perdu recherchent le lecteur qui les aimera. Au loin, je laisse naviguer un écrit telle une bouteille à la mer, dans les flots déchaînés de cet océan d'indifférences. Progressivement, cette triste attente se transforme en une douce mélancolie qui nourrit, de plus belle, d'autres contes imaginaires.
Voilà simplement qui je suis, le reste est sans importance.